Mouvements artistiques
Quelques repères dans l'histoire de l'art des années 1960 à nos jours
COBRA
Le mouvement éphémère COBRA (1948-1950) doit son nom à Christian Dotremont. Il prend les premières lettres des capitales du nord de l'Europe dont sont originaires les artistes fondateurs : Copenhague (Christian Dotremont, Asger Jorn), Bruxelles (Joseph Noiret, Pierre Alechinsky), Amsterdam (Karel Appel, Corneille, Constant). Le recours à un "primitivisme naturel" est envisagé comme un moyen de "saper la culture" par l'ensemble des artistes qui participent à cette mouvance. Les peintres et sculpteurs du groupe affirment que "l'art cesse de se nourrir à Paris" et proclament une internationalisation de l'avant-garde. Proposant une sorte de synthèse entre surréalisme, dont l'imagerie est rejetée, et abstraction, COBRA affirme que les formes doivent naître des manipulations du matériau.
Le Pop Art
Le Pop Art trouve sa source principale d'inspiration dans les différents modes d'expression de la société de consommation apparue après la Seconde Guerre mondiale : les objets quotidiens, la bande dessinée, la publicité, le cinéma, les magazines, etc. Les principaux artistes américains de ce mouvement ne cherchent pas à se livrer à une critique de la société de consommation mais simplement à produire des oeuvres qui "acceptent leur environnement, qui n'est ni bon ni mauvais, mais différent" (Roy Lichtenstein). Le Pop Art, après un premier succès aux Etats-Unis, exerce son influence partout dans le monde.
La figuration narrative
Apparue au début des années 1960 et caractérisée par un retour à la figuration, la tendance de la figuration narrative n'est pas représentée par un groupe organisé mais par un certain nombre d'artistes, appartenant pour la plupart à une même génération, et qui exprimèrent une sensibilité commune en se démarquant de l'abstraction et du nouveau réalisme. Ce courant s'intéresse aux scènes de la vie quotidienne et aux mythologies (politiques, sociales, morales) de l'époque.
Fluxus
Georges Maciunas fonde en 1961 Fluxus. Il s'agit aussi bien d'une revue que d'une tendance artistique. Celle-ci se caractérise en particulier par l'organisation de "performances", dans lesquelles le hasard est la donnée fondamentale. Pour Fluxus, tout est art, du moment où les gestes ordinaires sont "plus concrets" que ce que l'on a appelé "art" jusque-là.
La nouvelle figuration
La nouvelle figuration n'a jamais été un mouvement cohérent mais correspond seulement à une certaine vision contemporaine de l'homme. En Europe comme aux Etats-Unis, elle fait suite vers 1960 à la peinture informelle et gestuelle, dont elle tire certains de ses principes d'écriture picturale libre. La nouvelle figuration s'adresse à certains thèmes précis, l'homme et sa vie onirique, réalité qui s'insère dans un traitement spontané de la couleur, de la matière et à l'exclusion de toute ressemblance littérale.
Le nouveau réalisme
Le terme « nouveau réalisme » est inventé au cours d'une exposition milanaise regroupant des oeuvres de Jean Tinguely, Arman, Yves Klein, Raymond Hains et Jacques Villeglé. Selon Restany, « le nouveau réalisme transcrit la réalité sociologique sans aucune intention polémique ». Le groupe se singularise par sa prise de conscience de la nature moderne qui « est celle de l'usine et de la ville, de la publicité et des mass médias, de la science et de la technique ».
Les nouveaux réalistes s'approprient la réalité selon différentes approches. Ainsi Dufrêne, Hains, Rotella et Villeglé travaillent à partir d'affiches décollées et mettent en évidence un langage de la rue, abstrait, poétique, social et politique. Arman, César et Spoerri utilisent des objets quotidiens qu'ils accumulent, compressent ou collent sur des "tableaux-pièges".
L'art conceptuel
L'art conceptuel préfère accorder plus d'importance aux modalités de conception de l'oeuvre d'art plutôt qu'à sa matérialisation. Son but est d' "interroger la nature de l'art en présentant des nouvelles propositions quant à la nature de l'art" (Joseph Kosuth). Pour ce faire, les artistes utilisent des mots, des textes, parfois associés à des photos ou à des objets et parfois s'y substituant.
L'art minimal
Depuis 1960 environ, les protagonistes de l'art minimal ont progressivement abandonné la sculpture ou la peinture au sens traditionnel de ces termes pour créer des "objets spécifiques", en trois dimensions mais sans socle. Ceux-ci se caractérisent par la simplicité et l'indivisibilité, par une réalisation industrielle ou tendant à l'être, par l'opposition à toute forme de sentiment et par une taille qui n'est ni celle d'un monument ni celle d'un objet, mais qui se rapproche des dimensions humaines. Les artistes minimalistes prêtent une attention toute particulière à la perception des formes qu'ils créent, et à la façon dont ces dernières transforment l'espace où elles se situent.
Le Land Art
Le Land Art, également appelé Earth Art, naît à la fin des années 1960 aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Ce courant artistique se rapproche de l'art minimal ou de l'art conceptuel. Il s'agit d'un travail sur ou dans la nature qui s'émancipe des limites du musée. Ces interventions souvent monumentales en temps ou en espace sont souvent éphémères. Certains artistes comme Christo ou Walter de Maria intègrent des éléments étrangers au site. D'autres créateurs utilisent exclusivement les matériaux que leur offre la nature. Dans la majeure partie des cas, le processus de création importe plus que le résultat final. Les artistes ont souvent recours à l'enregistrement photographique de leur travail, à sa documentation, et transfèrent parfois des éléments naturels à l'intérieur. Toute production avec ou dans la nature n'est donc pas du Land art.
L'Arte Povera
Cette appellation (en italien, « art pauvre») naît à Gênes en 1967 avec l'exposition " Arte Povera in spazio ", organisée à la galerie La Bertesca par le critique Germano Celant. La spécificité de ce mouvement est d'opérer une synthèse entre la notion d'objet fabriqué et celle de nature, de faire de l'oeuvre achevée un intermédiaire pour une réflexion plus large sur l'énergie, le corps et la matière. Ses artistes s'expriment essentiellement en réalisant des installations pour lesquelles ils utilisent des matériaux organiques et simples (terre, pierres, végétaux, etc.) et des sources d'énergie (eau, feu, etc.). Ils procèdent ainsi à une "déculturation", qui "consiste à enlever, à éliminer, à réduire au minimum de termes, à appauvrir les signes, pour qu'ils ne soient plus qu'archétypes".
Supports-Surfaces
Le mouvement Support(s)-Surface(s) effectue une remise en question du support et des techniques traditionnelles d'application de la peinture. Il se constitue sur des positions théoriques proches de celles de la revue Tel Quel, qui mêlent marxisme, structuralisme et psychanalyse. Le groupe a des contours fluctuants, et ses membres, à Nice et à Paris, varient suivant les expositions, de "La peinture en question" et les installations dans le village de Coaraze en 1969 aux diverses versions de "Supports-Surfaces" en 1970-1971. Ses principaux protagonistes sont d'abord unis dans une analyse "matériologique" des composantes de la peinture, un degré zéro de l'art et une volonté de connaissance qui soit en même temps génératrice de plaisir. Leurs oeuvres sont montrées sans recours aux méthodes d'accrochage traditionnel, posées ou pendues sans châssis.
La figuration libre
« Figuration libre », c'est le terme que Ben a employé pour désigner le travail de jeunes artistes français réunis pour l'exposition « Finir en beauté » organisée en juin 1981 par Bernard Lamache-Vadel. Ces peintres, à la recherche d'un nouvel art brut, s'inspirent de la culture populaire (bande dessinée, rock, pub, magazines). Ils représentent des sujets figuratifs (personnages, animaux, végétaux, paysages, etc.), souvent colorés, simplifiés et cernés de noir, sur des supports variés : matériaux de récupération, cartons, draps, affiches, toiles sans châssis.